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Avec trois épisodes de canicule, l’été 2022 est le plus meurtrier depuis 2003

La France a enregistré un excès de mortalité de plus de 2 800 personnes lors des canicules, selon les données de Santé publique France publiées lundi.

Delphine Roucaute, le 21 novembre 2022, Le Monde

Il s’agit de l’épisode caniculaire le plus meurtrier depuis 2003. Selon les calculs de Santé publique France (SPF) publiés lundi 21 novembre, un excès de mortalité de 2 816 personnes par rapport aux cinq dernières années a été calculé lors des trois épisodes de canicule qui ont marqué l’été 2022 en France, le deuxième été le plus chaud observé en France depuis le début du XXe siècle.

« C’est un nombre de décès très important, d’autant plus qu’il a été enregistré sur une période très courte, en seulement quarante-quatre jours, c’est-à-dire sur les périodes du 14 au 22 juin, du 9 au 27 juillet et du 27 juillet au 14 août », souligne Guillaume Boulanger, responsable de l’unité qualité des milieux de vie et du travail et santé des populations à SPF. Au total, il s’agit d’un excès de mortalité de +16,7 % par rapport aux cinq années précédentes.

Ce chiffre peut paraître très inférieur aux premières estimations établies début septembre par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), qui calculait un excès de mortalité de plus de 11 000 personnes de début juin à la mi-août. C’est parce qu’ici SPF se base sur la définition stricte de la canicule, une période de trois jours au minimum durant lesquels la température, de nuit comme de jour, dépasse les seuils fixés par département. Mais en prenant en compte l’ensemble de la période estivale, du 1er juin au 15 septembre, SPF arrive aux mêmes estimations d’excès de mortalité, toutes causes confondues : jusqu’à 10 420 décès supplémentaires en France métropolitaine, sans que l’on sache précisément la part de morts consécutives à la chaleur. « Une part de cet excès de mortalité estivale est vraisemblablement due à une exposition de la population à des températures n’atteignant pas les seuils canicule », note SPF.

« Méthodologie plus fine »

« Le bilan de 2 816 morts va donc vraisemblablement augmenter », explique Sébastien Denys, directeur santé-environnement-travail à SPF. Un travail complémentaire « nécessitant une méthodologie plus fine » va être publié, début 2023, pour évaluer l’excès de mortalité lié à la canicule, sur l’ensemble de l’été, cette fois. Dans tous les cas, cela montre qu’« en dessous des seuils de canicule il existe déjà des risques liés à la chaleur », insiste Guillaume Boulanger.

Les morts se comptent dans leur très grande majorité (80 %) parmi les personnes de plus de 75 ans, avec un effet dégressif en fonction de l’âge. Mais toute la population est concernée par la chaleur. Pendant l’été, 69 départements ont connu au moins une canicule, soit 78 % de la population métropolitaine. Sur 17 000 passages aux urgences, essentiellement pour déshydratation, 10 000 personnes ont ensuite été hospitalisées.