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Introduction générale au Malade imaginaire de Molière

Éléments biographiques

Molière est né 15 janvier 1622 à Paris, décédé le 17 février 1673 (51 ans).

  • En 1643 (à 21 ans), renonce à la charge de tapissier et valet de chambre du roi de son père, pour se consacrer au théâtre (fonde la compagnie l’illustre théâtre). En 1644 prend le pseudonyme de Molière.
  • Entre 1643 et 1658, la troupe vit de peu et est itinérante.
  • 1658 : retour à Paris. Le frère du Roi Louis XIV leur accorde sa protection. La troupe joue une tragédie de Corneille et une farce de Molière perdue. Le jeu plaît, une salle est attribuée à la troupe, qui la partage avec les Italiens.
  • 1659 : premier grand succès de Molière : les précieuses ridicules.
  • 1660 : le roi assiste à la pièce. Le succès se fait grandissant, la troupe renonce peu à peu aux tragédies. Le frère de Molière meurt : ce dernier hérite de la charge, qui lui permet d’assister au lever du roi.
  • 1661 : invente la comédie-ballet, pour plaire au roi, amateur de ballet. Les fâcheux.
  • 1662 : L’école des femmes → première pièce qui revendique l’émancipation des femmes (ce que la grande bourgeoisie et la noblesse acceptait dans l’ensemble).
  • 1664 : Tartuffe interdit de représentation publique, alors que le roi aime tant la pièce qu’il se la fait présenter de nouveau.
  • 1665 : Dom Juan ou le festin de Pierre → Attaques importantes, le Roi prend la troupe sous sa protection personnelle.
  • 1673 : Le malade imaginaire. Mort de Molière après 4 représentations. Enterrement religieux, malgré l’interdiction faite aux comédiens d’avoir une telle cérémonie.

→ Molière meurt en homme riche, couvert de gloire à Paris. Son œuvre a marqué la littérature française et européenne. Ses pièces sont parmi les plus jouées en français. La fiche Wikipedia pour son nom existe en 147 langues en 2022

Éléments chronologiques

  • Louis XIV naît en 1638
  • Louis XIII meurt en 1643
  • 1643 : Début de la Régence (Anne d’Autriche + Mazarin)
  • 1648 : Fronde → 1653
  • 1654 : sacre de Louis XIV
  • 1661 : mort de Mazarin, début de l’absolutisme royal.
  • 1667-1668 : guerre contre l’Espagne
  • 1672-1678 : guerre de Hollande (contre l’Espagne également)

Littérature

Quelques mouvements littéraires du 17e : - Classicisme : donner sa force à la raison, rendre intelligible les passions (fin du siècle) - Baroque : privilégier le sensible, style exubérant. (début du siècle) - Préciosité : raffiner la langue

La comédie-ballet est développée par Molière pour plaire au roi Louis XIV. Des intermèdes chantés et dansés, plus ou moins raccordés à l’intrigue précèdent chaque acte.

Théâtre classique

Boileau, L'Art poétique (chant 3) 1674

Qu’en un lieu, qu’en un jour, un seul fait accompli
Tienne jusqu’à la fin le théâtre rempli.
Jamais au spectateur n’offrez rien d’incroyable :
Le vrai peut quelquefois n’être pas vraisemblable.
Une merveille absurde est pour moi sans appas :
L’esprit n’est point ému de ce qu’il ne croit pas.

Ce qu’on ne doit point voir, qu’un récit nous l’expose :
Les yeux en le voyant saisiroient mieux la chose ;
Mais il est des objets que l’art judicieux
Doit offrir à l’oreille et reculer des yeux.

Molière est un contemporain de – Jean Racine (1639–1699) – Pierre Corneille (1606–1684)

La comédie classique

La comédie classique repose sur deux notions proches, évoquées dans les proverbes latins :

  • castigat ridendo mores ; “il corrige les mœurs par le rire”. Il s’agit de l’idée selon laquelle c’est par le spectacle du ridicule des mœurs représenté par exemple dans la comédie que le public se verra conduit à corriger son attitude. Molière, dans ses comédies à la dimension satirique évidente, se prévaut de cette notion.
  • Placere et docere ; “plaire et instruire”, devise inspiré de l’Art poétique d’Horace, poète latin du Ier siècle avant J.-C., et que reprennent à leur compte les classiques.

Les poëtes veulent instruire ou plaire, ou, tout ensemble, dire des choses agréables et qui servent à la vie. Quelque précepte que tu donnes, sois bref, afin que les esprits dociles entendent promptement tes paroles et les retiennent fidèlement. Tout ce qui est superflu est rejeté de l’esprit trop plein. Que les fictions qui causent notre plaisir soient vraisemblables ; qu’une pièce ne demande pas qu’on croie tout ce qu’elle veut ; qu’elle ne retire pas un enfant vivant du ventre d’une Lamia repue. Les centuries de vieillards repoussent ce qui est sans fruit, et les Rhamnètes hautains passent outre devant les poëmes sérieux. Il enlève tous les suffrages celui qui mêle l’utile à l’agréable, qui charme et qui instruit le lecteur.

Les sciences

Le 17e siècle connaît l’essor de l’esprit scientifique : c’est le début de la systématisation de la méthode expérimentale en sciences : on tire des lois générales à partir d’observations générales.

En médecine, William Harvey met en évidence la circulation du sang dans le corps en 1628.

Pour autant, la science est aussi un instrument de pouvoir qui sert au prestige des puissants, et demeure intimement lié à la religion. L’ordre des jésuites est d’ailleurs un acteur important de cette révolution.

Thomas Diafoirus, tirant de sa poche une grande thèse roulée, qu’il présente à Angélique — J’ai, contre les circulateurs, soutenu une thèse, qu’avec la permission (saluant Argan) de monsieur, j’ose présenter à mademoiselle, comme un hommage que je lui dois des prémices de mon esprit.