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La négation

Notions :

→ Négation de phrase / négation lexicale
→ la négation totale
→ la négation partielle
→ la négation exceptive, ou restrictive

I – La négation lexicale ou syntaxique.

Il est en français possible de nier un énoncé de deux façons :

→ Par la modification d’un mot, en utilisant un préfixe. Exemples : Cette situation est intolérable. Cette situation est anormale. C’est la négation lexicale.

→ Par la négation de l’énoncé dans la phrase. Exemple : Cette situation n’est pas tolérable. C’est la négation syntaxique.

II – La négation totale

La négation totale se construit avec des adverbes de négation.

Une négation totale invalide l’énoncé entier.

Le plus courant est ne… pas, mais il en existe bien d’autres : aucunement, nullement, point, en aucun cas. Dans le langage courant oral, on a aujourd’hui tendance à omettre l’adverbe « ne ».

Exemples :

Elle n’aime pas la littérature américaine [négation de l’énoncé : elle aime la littérature américaine].

III – La négation partielle

La négation partielle ne porte que sur une partie de l’énoncé. Elle comprend l’adverbe ne, et un autre composant exprimant la négation

On peut construire cette négation avec :

  1. un pronom. Personne ne comprend (≠ quelqu’un). Certains comprennent (≠ tous). Je ne comprends rien (≠ quelque chose). Nul ne sortira d’ici vivant (≠ quelqu’un).
  2. Un déterminant. Aucun être ne doit être privé de ses droits (≠ certains êtres peuvent être privés de leurs droits). Nul ne peut ignorer ce qui se produira (≠ quelqu’un peut ignorer ce qui se produira).
  3. Un adverbe. Elle n’a guère vendu (≠ elle a vendu beaucoup). Il n’est jamais là (≠ il est toujours là). Elle n’est plus de ce monde (≠ elle est encore de ce monde).

IV – La négation exceptive, ou restrictive

Cette négation se construit avec ne… que.

Elle permet de combiner une affirmation, et une négation implicite.

Je ne bois que du Château Margaux

→ Je bois du Château Margaux.
→ Je ne bois rien d’autre.

V – Étymologie.

En latin, la négation était très compliquée. Dans les langues européennes, elle s’est considérablement simplifiée et comporte en général un ou deux adverbes de négation.

En ancien français, l’adverbe ne, hérité du latin, ne s’est pas imposé seul. Les locuteurs des langues d’oïl ont pris l’habitude d’ajouter des adverbes issus de la langue courante pour insister. Ainsi, pas est littéralement issu du pas de marche. De même pour le point, la goutte, etc.

Remarques

Il arrive que l’on puisse ajouter l’adverbe ne dans une phrase qui produit implicitement le sens d’une négation. Exemple : J’ai bien peur qu’elle ne démissionne bientôt (= j’ai bien peur qu’elle démissionne). Le ne est dit explétif.

On peut juxtaposer une négation en utilisant l’adverbe de négation ni.

Exemple : « L’on entendra parler d’une capitale d’un grand royaume où il n’y avait ni places publiques, ni bains, ni fontaines, ni amphithéâtres, ni galeries, ni portiques, ni promenoirs » (La Bruyère)

Il existe la négation d’une négation, prenant un sens positif : c’est une double négation.

Exemple : Elle ne peut pas ne pas venir (= Elle doit venir).

La négation peut servir à construire une correction ou une épanorthose.

On peut l’appeler dans ce cas une négation métalinguistique.

Exemple : Ce n’est pas une rivière, c’est un fleuve !

La correction peut servir à rectifier l’énoncé d’un tiers : il s’agit dans ce cas d’une négation polémique.

Exemple : « Cela veut dire que non seulement nous n'avons pas les principes qui mènent au vrai, mais que nous en avons d'autres qui s'accommodent très bien avec le faux » (Fontenelle)