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Introduction générale - Littérature d’idées

Éléments chronologiques

  • Louis XIV naît en 1638
  • Louis XIII meurt en 1643
  • 1643 : Début de la Régence (Anne d’Autriche + Mazarin)
  • 1648 : Fronde → 1653
  • 1654 : sacre de Louis XIV
  • 1661 : mort de Mazarin, début de l’absolutisme royal.
  • 1667-1668 : guerre contre l’Espagne
  • 1672-1678 : guerre de Hollande (contre l’Espagne également)

Vie de Jean de La Bruyère

Jean de La Bruyère (1645 – 1696) vit l’essentiel de sa courte vie (51 ans) sous le règne de Louis XIV (1643 - 1715), au XVIIe siècle.

  • 1665 : devient avocat au barreau de Paris. La Bruyère maîtrise des langues rares telles que le grec et l’allemand.
  • 1673 : grâce à un héritage, achète une charge de trésorier général dans la généralité de Caen. Cette charge lui apporte une rente et un titre d’écuyer : il entre dans la noblesse de robe. Son niveau de vie restera cependant modeste : volé par un secrétaire, il sera un temps sans le sou.
  • 1684 : devient précepteur du petit-fils du duc de Bourbon, et de sa promise Mademoiselle de Nantes, fille naturelle de Louis XIV. Proche de Bossuet, il a été recommandé par ce dernier.
  • 1686 : son élève devient le nouveau duc. La Bruyère demeure attaché à la maison comme « gentilhomme ordinaire », chargé de la bibliothèque.
  • 1687 : publication des Caractères : traduction de Théopraste et ensuite la création de La Bruyère.
  • 1693 : élu à l’académie française, malgré l’opposition des Modernes dont Fontenelle (neveu du dramaturge Pierre Corneille).
  • 1696 : meurt en laissant un deuxième ouvrage inachevé, célibataire, et sans fortune.

Mouvements littéraires du XVIIe siècle

La préciosité

Mouvement qui s’affirme comme voulant raffiner la langue française.

Le baroque

  • Ce mouvement émerge au début du XVIIe siècle
  • Vise à privilégier le sensible, style exubérant.

Le baroque est un mouvement qui proclame l’impermanence du monde et de ses lois. Si rien n’est amené à durer, autant en va-t-il du caractère profond des êtres.

Ce mouvement, qui se conjugue avec le phénomène de la société de cour poussé à son paroxysme par Louis XIV, va conduire à une forme de « comédie sociale » où tout n’est qu’apparence.

Le classicisme

Le classicisme monte en puissance au cours du XVIIe siècle.

Les auteur⋅ices classiques visent à donner toute sa force à la Raison. Les classiques cherchent à rendre compréhensible l’effet des passions sur les êtres.

Querelle des Anciens et des Modernes

La querelle des Anciens et des Modernes se déclenche à l’Académie française.

La question est centrée autour du rôle de la littérature dans le royaume de France. Il s’agit d’une question littéraire imbriquée avec le débat politique.

Modernes

Charles Perrault (auteur des Contes de ma mère l’Oye) est le chef de file du groupe des Modernes. Ces derniers estiment que le siècle de Louis XIV est un nouveau sommet pour le genre humain : en conséquence, les œuvres produites au cours de ce siècle seront un nouveau départ qui surpassera les auteurs antiques. Ils justifient ainsi l’émergence de genres nouveaux, et s’appuient sur les données de l’époque : la religion, le respect sans borne au Roi.

Les Modernes trouvent leur soutien à l’Académie, à la Cour, dans les salons, au parti dévot.

Anciens

« Tout au long de la Querelle, qu’il s’agisse d’Euripide ou d’Homère, ce sont sous Louis XIV les Anciens qui admettent ce qu’il y a de vif, de déconcertant, de déchirant dans la représentation de la vie humaine par les poètes antiques, tandis que les Modernes sont favorables à des conventions morales et esthétiques uniformes et confortables. »

— Marc Fumaroli, La querelle des Anciens et des Modernes, 2001.

Le poète Boileau est leur chef de file. Il juge qu’il est nécessaire de s’inspirer de l’héritage de l’antiquité, et que la mesure du talent est la postérité :

  • on estime encore les œuvres antiques, c’est donc qu’elles sont bonnes. Pour Boileau, Molière, Corneille, Racine, etc. seront encore considérés comme de grands auteurs plusieurs siècles plus tard.
  • Il est donc nécessaire de respecter l’héritage antique, et de construire en s’appuyant sur cet héritage. Les Anciens sont dans une tension entre imitation et renouvellement.

Au théâtre, il faut s’inspirer des règles issues de la Poétique d’Aristote. En poésie, il faut reprendre des thèmes anciens (exemple : les fables d’Ésope chez La Fontaine). Généralement, les thèmes antiques sont repris par les auteurs partisans des Anciens.

Quelques partisans des Anciens : La Bruyère, Fénelon, La Fontaine, Racine.

Au fond, la querelle est aussi, à une époque où un tel débat posé franchement est impossible, un débat politique sur la liberté de ton et de parole dans les sociétés littéraires au moment d’un raidissement absolutiste de la monarchie.

Les Caractères

Une réécriture

L’œuvre de La Bruyère s’inscrit dans le courant des Anciens. La Bruyère reprend et traduit les Caractères de Théophraste, avant de composer les siens propres, ce qui donne sa justification au titre entier : Les Caractères ou les mœurs de ce siècle.

Dans Les caractères, La Bruyère compose de multiples fragments, des remarques qui traitent de la nature humaine.

Une œuvre moraliste

La Bruyère s’inspire du mouvement moraliste, qui vise à étudier et corriger la nature humaine, et produit des œuvres qui rassemblement des maximes.

Il observe la Cour du Condé, l’un des grands aristocrates du royaume. La Bruyère est ainsi le témoin privilégié du spectacle d’une comédie sociale dont l’enjeu est la reconnaissance par le Prince, et où tous les coups semblent permis.

La Bruyère recourt à la satire : il critique la bêtise, la fatuité, la tyrannie imposée par des modes absurdes qui empêchent au fond d’être un honnête homme.