La réticence ou l’aposiopèse est une figure de style qui consiste à suspendre une phrase en la laissant terminer par le lecteur. C’est un genre d’ellipse.
Provient du grec ἀποσιώπησις → se taire
Exemple canonique, le Quos ego dans L’Énéide :
« Osez-vous, sans ma permission, ô vous, bouleverser le ciel et la terre et soulever de telles masses ? J’ai envie de vous… ! Mais il faut d’abord apaiser les flots déchaînés… »
— Virgile, Chant I, vers 133-135
Autre exemple dans Madame Bovary :
Cependant, sous la pluie des pensums, l’ordre peu à peu se rétablit dans la classe, et le professeur, parvenu à saisir le nom de Charles Bovary, se l’étant fait dicter, épeler et relire, commanda tout de suite au pauvre diable d’aller s’asseoir sur le banc de paresse, au pied de la chaire. Il se mit en mouvement, mais, avant de partir, hésita. — Que cherchez-vous ? demanda le professeur. — Ma cas…, fit timidement le nouveau, promenant autour de lui des regards inquiets. — Cinq cents vers à toute la classe ! exclamé d’une voix furieuse, arrêta, comme le Quos ego, une bourrasque nouvelle. — Restez donc tranquilles ! continuait le professeur indigné, et s’essuyant le front avec son mouchoir qu’il venait de prendre dans sa toque. Quant à vous, le nouveau, vous me copierez vingt fois le verbe ridiculus sum.
On peut imaginer une réticence comme la forme de menace conclue par un sinon…
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